Depuis l’antiquité, les auteurs parmi les plus connus nous vantent les mérites voluptueux de la claque sur les fesses. Même lorsqu’elle est délivrée dans le châtiment, elle évoque dans leurs souvenirs une part de sensualité. Comment ne pas les croire, tant la fessée bien donnée peut réveiller même de vieilles ardeurs ? Pour autant, la punition BDSM ne se limite pas à la main ouverte sur les cuisses ou les parties charnues de la fesse. D’aucuns préfèrent le fouet à la palette à fessée.

L’art de la fessée érotique…

Aussi loin que remontent les découvertes sur l’érotisme, on trouve des traces écrites décrivant la fessée comme hautement érotique. De l’antiquité jusqu’à nos jours, les auteurs sont très nombreux à exprimer leur attente fébrile teintée d’un érotisme à peine déviant de la prochaine fessée. Déviant, car la fessée est un acte de punition. Elle est celle qui nous ramène à l’enfance, alors que nous étions impuissants à réagir. Pire, s’il est possible de réagir à une gifle, il est impossible de rendre une fessée spontanément. La fessée est aussi ce châtiment humiliant parfois délivrée en public. Socialement, la fessée est une arme hiérarchique. C’est toujours le fort qui blâme ainsi le faible. La domination physique exercée par la fessée devient aussitôt une domination morale, donc sociale.

C’est que la fessée s’inscrit dans la recherche de la pureté de l’âme. Les moines et autres cléricaux de temps pas si anciens avaient la main bien lourde à l’heure de châtier leurs ouailles. Et surtout lorsqu’il s’agissait de corriger ce corps, si défectueux, si loin de la haute morale de l’âme. Comme le corps était rendu responsable de la corruption de l’âme, c’était bien lui qui devait être blâmé. La fessée et la flagellation eurent alors leurs heures de gloire. Mais, si la flagellation a quelque peu disparu de nos contrées occidentales, la fessée, elle est toujours d’actualité.

Quel plaisir dans la fessée ?

Apollinaire, Voltaire, Rousseau, Diderot, Musset, Sade bien sûr… Tous ont goûté aux joies de la fessé avec pure délectation. Les premiers l’on vécu comme une expérience, alors qu’ils recevaient une punition. Et tous s’aperçurent de la dualité de la chose. D’un côté, la fessée était attendue comme un châtiment pour une erreur ou une faute. De l’autre, l’action angoissante passée, le souvenir en devenait une caresse voluptueuse. Jean-Jacques Rousseau, dans ses confessions (intéressant comme mot, non ? Con-Fesse-ion), nous fait une belle description d’un moment vécu : « Mais après l’exécution, je la trouvai moins terrible à l’épreuve que l’attente ne l’avait été: et ce qu’il y a de plus bizarre est que ce châtiment m’affectionna davantage encore à celle qui me l’avait imposé. » Il poursuit un peu plus loin. « J’avais trouvé dans la douleur, dans la honte même, un mélange de sensualité qui m’avait laissé plus de désir que de crainte de l’éprouver derechef par la même main. »

Voilà une description des plus belles de ce qu’un être humain peut ressentir lorsqu’il reçoit une fessée. Une douleur assumée, un peu de sensualité, le désir d’une nouvelle fessée, le tout enrobé d’un léger sentiment honte bien logique. La honte d’aimer un comportement forcément décrit comme déviant. La joie du BDSM ; dévier les pratiques destinées au châtiment, à la punition, pour en faire des outils orgasmiques. De fait, la fessée, comme la flagellation, devient un désir sexuel comme un autre. Et comme c’est le cas pour toutes les pratiques BDSM, si la fessée existe, c’est uniquement pour le plaisir de celui ou de celle qui le reçoit. C’est donc le partenaire qui reçoit qui érotise le geste et qui prend les commandes du jeu.

Comment pratiquer la fessée ?

Avant tout, la fessée doit s’inscrire dans un jeu. Il ne s’agit pas d’une simple tape sur les fesses, façon harceleur de rue toujours prompt à tâter du fessier charnu. Non. La fessé s’administre dans un cadre précis, défini par les joueurs BDSM eux-mêmes. Comme c’est le cas dans chaque jeu, un mot clé permettant de stopper la partie à tout moment est déterminé en amont. C’est donc bien le masochiste qui règle le jeu pour son plaisir. Ensuite, c’est une question de technique. On tape essentiellement sur l’arrondi des fesses, voire un peu plus bas sur la cuisse, là où la chair est plus épaisse. La main est semi-ouverte, comme pour respecter la courbe naturelle du fessier qui attend votre punition. Enfin, la claque se donne du bas vers le haut. Et bien entendu, elle se délivre toujours la peau nue. Si bien qu’il devient facile de comprendre le Kâma-Sûtra, pour qui ce coup n’est que mignardise pouvant être accompagné de mille sons différents, selon les objets employés pour l’administration de la fessée.

Les connaisseurs savent varier les plaisirs, et optent souvent pour la palette à fessée. Imaginez un battoir, comme on en utilisait autrefois pour laver le linge au lavoir. Qui sait ? Sans doute avaient-ils déjà une double utilité ? Des palettes à fessée, il y en a de toutes les sortes, de toutes les formes, pour tous les goûts. Certaines sont évidées et dessinent un cœur ou une autre forme géométrique. Si la fessée est bien claquée, la fesse rougie laisse apparaître le dessin voulu. Quel que soit l’objet de votre choix (cela peut aussi être le dernier livre d’un auteur qu’elle aime particulièrement), ne vous lancez pas directement au triple galop. Prenez le temps de prendre la mesure du désir et du plaisir de celui ou de celle qui doit recevoir la fessée. Commencez doucement, attendez sa réaction, varier quelque peu la zone, assurez-vous qu’il ou elle aime ce que vous faites. Puis montez en fréquence jusqu’à assurer une bonne claque toutes les 3 secondes maximum. Si vous avez besoin d’entraînement auparavant, pour entendre le bon son qui claque, essayez sur vous, sur votre cuisse par exemple. L’entraînement, c’est ce qui fait la différence entre un bon amateur et un vrai professionnel, y compris dans la fessée.

Palettes à fessée, cravache, canne ou fouet ?

Dès lors que vous commencez à maîtriser la fessée à main ouverte, ou que le simple usage de votre palette ne suffit plus à votre victime expiatoire érotique, vous pouvez vous diriger vers d’autres objets. L’usage du fouet demande quelques heures d’entraînement, lui aussi, pour ne pas faire mal par accident. La cravache est plus simple à dominer, mais les douleurs qu’elle procure sont aussi plus pointues. Le martinet, quant à lui, avec ses multiples lanières, est l’un des objets favoris du BDSM. Ses langues de cuir ou de caoutchouc peuvent caresser voluptueusement le dos et les courbes, comme elles peuvent claquer sans vergogne et décupler le plaisir. L’usage du martinet reste assez simple.

Quand vous aurez bien progressé, vous pourrez alors vous diriger vers d’autres objets, plus durs, plus douloureux, comme la canne ou les palettes à fessée recouverte de cuir clouté. A chaque coup, la peau devient plus sensible. Plus sensible à la douleur, certes. Mais plus sensible au plaisir surtout. Une cravache ou une canne permettent de viser des endroits très précis. Il est donc possible de varier les plaisirs plus longtemps, en variant les zones de contact. Au contraire, les palettes diffusent le coup sur une plus large zone. A vous de choisir l’objet qui hante vos fantasmes érotiques. Et après votre jeu de domination érotique, pensez à vous enduire de crème hydratante. Sur une peau surchauffée et rougie, le contact frais de la crème est un autre plaisir faisant partie intégrante du jeu.