Même si l’on regroupe aujourd’hui d’autres outils ou d’autres techniques comme l’emploi de la cire chaude sous le titre évocateur de bondage, initialement, cet art érotique est intiment lié (et c’est peu de le dire) au jeu des cordes. Le but du bondage, c’est d’attacher avec une arrière-pensée hautement érotique. De jouer la sensualité sur une autre gamme. Plus qu’un jeu, le bondage est un art, étudié aussi bien part les plus grands esthètes que les plus fins psychologues, un art qui peut changer la vision des plaisirs du sexe.

D’où vient le bondage et que représente-t-il ?

Selon nos dictionnaires, le bondage est défini comme une pratique sadomasochiste consistant à « attacher son partenaire dans le cadre d’une relation érotique ou sexuelle ». Tout un programme. Mais les débats philo-psychologiques qui tournent autour du concept peinent à le définir sous un nom Français qui recouvre la totalité de ses sens. On parle d’esclavage, de captivité, on définit par des chaînes ou des entraves, on évoque la dépendance ou la servitude… Il y a forcément de tout cela dans la pratique du bondage. Mais la première fois que le terme bondage nous est parvenu en Europe, c’était pour traduire des techniques ancestrales japonaises d’asservissement et de soumission. Il semble qu’à partir de là soient nés les fantasmes originaires liés au bondage. Des scénarii imaginaires, inconscients, mais liés au psychisme de tout individu.

Pourtant, ce fantasme originaire est né il y a bien plus longtemps. De tous temps, l’humanité a assisté aux séances de torture, d’asservissement et soumission. Inconsciemment, ces faits presque courants ont intégré l’imaginaire collectif. Du supplice du pal aux recours à des méthodes mêlant érotisme glauque et sadisme pointu pendant l’inquisition, les représentations ont gagné l’inconscient collectif. Il faut dire que les pratiques bondage ne datent pas d’hier. Phérosas, frère d’Hérode 1er le grand, roi de Judée, ne se faisait-il pas enchaîner par ses propres esclaves pour son bon plaisir ? Le bondage tel qu’il est pratiqué de nos jours emprunte forcément une part de ce fantasme originaire. Disons que nombre de pratiques bondage sont liées à des pratiques de torture dont le sens a été quelque peu dévié pour dériver sur un érotisme enflammé et une sensualité exacerbée par le cadre esthétique que délivre le ligotage. Pour exemple, le Shibari et le Kinbaku sont deux déviances de l’art policier de ligoter un contrevenant. Ils sont devenus l’art d’attacher de façon érotique.

Il y aurait aussi beaucoup à dire sur l’art de l’attachement. De la littérature à la photographie, en passant par le cinéma et l’illustration, de très nombreux artistes ont travaillé sur l’art de l’attachement et toutes les joies, les plaisirs et les contradictions qu’il implique. Observez Ulysse, s’attachant au mât de son vaisseau pour goûter au plaisir du chant des sirènes. Et que dire de Wonder Woman, splendide créature au corset très serré, capturant ses adversaires au lasso ? La femme contrainte qui ligote ses ennemis… Si vous cherchez un peu, vous verrez que vous trouverez de multiples références au ligotage, y compris dans le cinéma ; Belle de jour, Attache-moi ou le plus récent 50 nuances de Grey par exemple.

Quels plaisirs trouve-t-on dans l’art de lier ?

Le plaisir de l’entrave se trouve chez les deux partenaires. Il est d’ordre esthétique, psychologique et physique, voire physiologique. Chez le ligoteur, c’est le pouvoir de disposer du corps de l’autre à sa guise (ou presque) qui excite son désir de toute puissance. Ce pendant que l’autre jouit du bonheur de lâcher prise sous les caresses de son bourreau. L’abandon le plus total. Mais le plaisir s’exprime également dans les scénarii choisis. Pour justifier l’asservissement, un bon scénario, une belle histoire, un jeu de rôle sur mesure vaut toutes les souffrances heureuses. Et plus il semble réaliste, plus il est joué avec envie et plus les désirs trouvent leurs places. Une prise d’otage, un enlèvement, une garde à vue, une séquestration, une prisonnière que l’on délivre après maints exploits. L’actualité ne manque pas de source d’imagination pour développer de tels scénarii. Imaginez juste que vous êtes ouvrière et que vous séquestrez votre patron pour qu’il écoute enfin vos revendications… Du vrai Shibari social…

Le caractère esthétique a bien sûr une énorme influence quand il s’agit de lier. Et il existe d’ailleurs plusieurs techniques de nouage, formant différents dessins. Les vrais experts savent se servir de la morphologie de leur esclave du moment pour trouver la plus belle forme qui soit, épousant à la perfection les formes du soumis ou de la soumise. On parle notamment du Kikkou, dont le but est de dessiner des écailles sur le dos de la, partenaire lié grâce à la fabrication de losanges avec la corde.

Toutefois, certaines techniques visent avant tout à soumettre, à entraver, à immobiliser, bien plus qu’à rechercher l’esthétique. Le Hog-tie est la technique permettant d’attacher pieds et mains dans le dos de la partenaire. Quant aux suspensions, elles restent réservées aux spécialistes. Quoique certaines suspensions partielles puissent tout à fait vous plaire même en tant que débutants.

Comment s’initie-t-on au bondage et à l’art des cordes ?

Comme pour tout, il est préférable de commencer doucement, afin de voir si la chose vous émeut particulièrement. Laissez-vous attacher les mains au lit. Et vous goûterez aux plaisirs de la stimulation sans pouvoir intervenir. Posez-lui un bandeau sur les yeux et voyez comme elle réagit. Lorsque vous menez le jeu, prenez le temps pour vous déshabiller. Une pièce après l’autre, doucement, langoureusement. De temps en temps, lâcher un baiser, une caresse, délicate. Son désir monte à mesure que vous le faites languir. Soyez certaine qu’il explosera par la suite.

Dans un second temps, ajoutez à votre chorégraphie un petit scénario dont vous avez le secret. Corsez un peu la ‘torture’ et adaptez vous en permanence à vos désirs mutuels. Puis, si l’art de nouer vous séduit, prenez le temps d’apprendre. Il se dit que les marins auraient un temps d’avance en matière de nœuds. Prenez des cours… Enfin, quand votre rythme de croisière semble atteint, ajoutez des accessoires, pour pimenter la chose. Le choix est vaste ; bandeau, menottes, bougies de bondage, corsets, voire camisoles et même plus encore, le bâillon à boule, lui interdisant toute expression de ses émotions. Faites les choses étapes par étapes et voyez à chaque fois comment vous sentez les choses. Comment vous les avez vécues, ressenties. Si l’explosion est toujours présente, rien ne vous interdit de reproduire les mêmes schémas tant qu’ils vous emportent dans leurs tourbillons de jouissance. Mais rien ne vous interdit non plus de jeter un œil sur d’autres formules, d’autres scénarii, d’autres façons de jouer en somme.

Quelques règles de sécurité

Afin d’éviter tout accident et que l’art du lien reste un plaisir pour les deux partenaires, il convient de prendre quelques mesures de sécurité ;

  • Evitez de serrer trop fort. Si les liens doivent bien entraver et soumettre, ils ne doivent pas couper l’arrivée du sang. En outre, la corde peut laisser des traces, notamment s’il y a frottements.

  • A moins d’être un expert du lien, évitez de passer la corde autour du cou. Le moindre déséquilibre, le moindre geste mal maîtrisé pourrait alors se transformer en accident grave.

  • Pour éviter cela, conservez toujours une paire de ciseaux près de vous. Au moindre doute ou si vous ne parveniez pas à défaire les liens, vous pouvez toujours couper et sortir du jeu.

  • Enfin, et c’est le plus important, communiquez. Mettez-vous d’accord sur un mot clé, qui, dans votre scénario, ne dépareillera pas. C’est un mot de secours, visant à stopper le jeu érotique séance tenante. L’art de ligoter doit rester un vrai plaisir pour les deux parties

Certaines personnes réclament le droit de jouir sans entrave. Dans le bondage, nos cherchons à jouir grâce aux entraves. Mais quel que soit votre scénario, quelle que soit votre envie de lâcher prise et de vous abandonner, une chose est sûre ; une fois que vous serez entrés dans le monde féérique du bondage et du Shibari, vous ne regarderez plus jamais les lacets de vos chaussures de la même façon.